Les premières réquisitions allemandes en août et septembre 1914

Publié le par Musée municipal de Sedan

Les premières réquisitions allemandes en août et septembre 1914
Les premières réquisitions allemandes en août et septembre 1914
Les premières réquisitions allemandes en août et septembre 1914
Les premières réquisitions allemandes en août et septembre 1914
Les premières réquisitions allemandes en août et septembre 1914
Les premières réquisitions allemandes en août et septembre 1914
Les premières réquisitions allemandes en août et septembre 1914
Les premières réquisitions allemandes en août et septembre 1914

Après les combats des 25 et 26 août 1914, l'armée allemande occupe Sedan et va s'installer pour toute la durée de la guerre dans la ville. Dès la fin août, la mairie reçoit sur de petits papiers des ordres pour fournir à l'Etappen Kommandantur (1) les vivres et le matériel dont ils ont besoin pour les soldats et les Lazarette (2). Alors commence la mise en place de la difficile politique de réquisitions pour les Sedanais qui les soumettront à l'occupant.

Lors de ces premiers mois d'occupation, les ordres de réquisitions conservés aux Archives municipales de Sedan sont très divers dans leurs présentations et leurs contenus. Ils sont écrits sur un petit format de papier et sont transmis quotidiennement en nombre important à l'hôtel de ville. Majoritairement écrits en allemand, parfois en français, qu'une personne de la mairie traduit ou non, écrits à l'encre ou au crayon à papier, avec ou sans tampons, ces petits papiers témoignent de l’oppression que peut exercer l'occupant sur la population, prise en otage dans sa ville. Les commerçants sedanais signifient également à la mairie, les réquisitions qu'ils subissent dans leur stock, sous forme de facture ou de bon.

L'inventaire à la Prévert commence dès la fin août et en septembre 1914 par des réquisitions pour pallier l'urgence, mais également pour une installation durable des troupes allemandes dans la ville : de la nourriture (farine, pain, pommes de terre, viande), de l'alcool (le 1er septembre, le grand hôtel de la croix d'or envoie un bon pour 750 bouteilles d'alcool), des cartes géographiques, du tabac, du charbon, des vêtements, du foin pour 500 prisonniers français, du matériel (fournitures de bureau, papier peint et peinture, cadenas pour la prison de la caserne Macdonald, 20 cellules avec grilles et fermetures pour la caserne Fabert, fourniture de cirage), parfois en grande quantité notamment pour les hôpitaux militaires (11700 épingles de sûreté, 8800 ceintures, 1000 couvertures).

Les hommes aptes au travail sont réquisitionnés pour faire des travaux divers : remise en état de la gare, dégagement d'arbres, réparations, installations spécifiques dans les hôpitaux militaires, enlèvement du fumier dans les casernes, vingt voitures avec conducteurs pour aller à Mézières, 80 hommes que l'on vient chercher place Turenne pour le nettoyage des casernes, etc. Le 18 septembre 1914, la mairie répond dans un courrier à un fournisseur qui demandait un homme pour transporter de la farine, qu' "ici à Sedan, la chose est impossible, tous les hommes valides sont réquisitionnés pour d'autres services".

La population sedanaise est ainsi directement touchée par l'occupation, du fait également de la réquisition des hôtels et des logements pour les officiers allemands (le 14 septembre, ordre de loger 50 officiers par groupes de 2, 3 et 1. Le 12 septembre, l'Etappen Kommandantur demande l'affichage de trente proclamations aux habitants de la ville.

La pénurie de matériel et de nourriture commence à se faire sentir. Au sujet de l'éclairage de la gare de Sedan, Louis Busson, directeur de l'usine à gaz (fusillé par les Allemands en 1916) informe que le 25 septembre 1914, il n'y a "plus de câbles ni de lampes pour éclairer la gare". Le 20 septembre, la mairie demande à plusieurs boulangers de bien "délivrer du pain aux indigents qui se présenteraient munis de bons du bureau de bienfaisance".

Jusqu'à la fin de la guerre, l'armée allemande va quasiment tout réquisitionner, laissant la ville exsangue en novembre 1918. Il faut bien sûr fournir ce qui est demandé le plus rapidement possible et faire preuve de bonne volonté et de réactivité en cas de problème rencontré. Les conseillers municipaux restés à Sedan durant la guerre seront la seule autorité face à l'occupant allemand pour répondre à leurs demandes incessantes.

Texte rédigé par Karine Loison, Musée municipal de Sedan
 
Crédits photos : Archives municipales / Ville de Sedan

Sources : Boîte H173 "réquisitions août-décembre 1914", Archives municipales de Sedan

(1) Kommandantur : commandement militaire local en région occupée par les Allemands, lors des deux guerres mondiales (Larousse). L'Etappen Kommandantur désigne un commandement local en zone occupée, éloigné du front. La Kommandantur désigne également le bâtiment où se trouve l'autorité allemande (à Sedan, actuellement n°2 place Turenne).

(2) Lazarett : hôpital militaire allemand.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article