La lance du uhlan, symbole de l'entrée des Allemands dans Sedan

Publié le par Musée municipal de Sedan

Lance d'uhlan (Stahlrohrlanze), cavalier allemand, modèle 1893, métal, pointe diamant, quatre bouts ronds pour accrocher la flamme, H. 320 cm ; Diam 8,7 cm, N°INV 448, coll. Musée municipal de Sedan © KL / Musée municipal / Ville de Sedan

Lance d'uhlan (Stahlrohrlanze), cavalier allemand, modèle 1893, métal, pointe diamant, quatre bouts ronds pour accrocher la flamme, H. 320 cm ; Diam 8,7 cm, N°INV 448, coll. Musée municipal de Sedan © KL / Musée municipal / Ville de Sedan

Ville frontière, ville de garnison et point de passage stratégique sur la Meuse, Sedan n'échappe pas aux combats les 25 et 26 août 1914. Les uhlans, ces impressionnants cavaliers allemands munis d'une grande lance, arrivent en éclaireurs, provoquant la stupeur et la terreur chez les habitants.

Le terme uhlan (Ulanen) vient du turc ölgän qui veut dire jeune guerrier. Ces unités de cavalerie légère composée de lanciers forment des régiments dès le 18e siècle en Prusse, en Autriche et en Russie. Leur mission est la reconnaissance et le renseignement, ainsi ils sont l'avant-garde de l'armée. Leur arrivée annonce donc les prochains combats et les troupes ennemies. Lors de la guerre de 1870, ils laissent un sentiment de terreur dans la population française. Leur silhouette impressionnante avec leur lance de plus de trois mètres symbolise, comme le casque à pointe, la barbarie guerrière des Allemands. Dans cet état d'esprit, leur arrivée en 1914 sur les territoires français à la frontière, provoque la terreur des civils renforcée par les témoignages et les rumeurs des massacres et des pillages réels et supposés venant de Belgique. Les régiments de uhlans disparaissent après la Première Guerre mondiale, leur cheval et leur grande lance ne sont plus adaptés pour la guerre moderne.

« Les uhlans arrivent ! »

Lorsque les uhlans entrent dans Sedan le 25 août en éclaireurs, la panique des Sedanais qui ne sont pas partis (le maire Mr Grandpierre n'a pas souhaité évacuer la ville) est à son paroxysme. Essayant d'avoir des informations malgré tout, ceux qui écrivent quotidiennement dans leurs journaux intimes parlent de cet épisode, ne sachant quoi faire pour se protéger, eux et leurs proches.

On compte une vingtaine de civils tués à Sedan, 389 victimes dans les Ardennes et des dizaines de villages incendiés du 25 au 27 août. On estime que 6500 civils français et belges sont tués par l'armée allemande d'août à septembre 1914. Ces « atrocités allemandes » alimenteront la propagande alliée (voir le livre de John HORNE et Alan KRAMER, 1914. Les Atrocités allemandes, éd. Tallandier, 2006).

Des uhlans tués place Turenne

M. Wiette, ancien économe de l'hôpital de Sedan témoigne dans le journal L'Ardennais du 2 octobre 1957, que le 25 août vers 9 h du matin, trois uhlans blessés sont tués place Turenne par trois Sedanais (un infirmier, un dénommé Mikado qui mourut plus tard au bagne du château, et le commissaire de police)*. Cet épisode est devenu un acte mythique de la résistance des Sedanais durement touchés par l'occupation qui va durer plus de 50 mois.

INFO COMPLÉMENTAIRE : une lance d'un uhlan (un des premiers tués à Sedan le 24 août 1914, ramassée au fond de Givonne) est conservée dans les collections de la Société d'Histoire et d'Archéologie du Sedanais.

* Sur le déroulé des événements de l'invasion allemande : Sedan. Notre Histoire, Gérald Dardart, "Le drame du Fond-de-Givonne, 25 août 1914", n°67, octobre 2014, Supplément du Sedan Magazine n°115.

Quelques photos de uhlans sur Gallica :

Uhlans à Bruxelles : [photographie de presse] / [Agence Rol]

Soldats belges ramassant les lances abandonnées par les uhlans : [photographie de presse] / [Agence Rol]

Auteur de l'article : Karine Loison, Musée municipal de Sedan

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