Mai 1940 : les souvenirs du commandant de Laubier

Publié le par Musée municipal de Sedan

Mai 1940 : les souvenirs du commandant de Laubier
Mai 1940 : les souvenirs du commandant de Laubier
Mai 1940 : les souvenirs du commandant de Laubier
Mai 1940 : les souvenirs du commandant de Laubier
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Mai 1940 : les souvenirs du commandant de Laubier
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Mai 1940 : les souvenirs du commandant de Laubier
Mai 1940 : les souvenirs du commandant de Laubier
Mai 1940 : les souvenirs du commandant de Laubier
En 2019, son fils et son petit-fils ont déposé au Musée municipal les souvenirs du commandant Dieudonné de Laubier (1897-1940) mort au-dessus de Sedan le 14 mai 1940 dans un bombardier français Amiot 143.
Une croix commémorative est visible au croisement de la rue de Pierremont et de la rue de Hurlevent à proximité de l'endroit où l'avion s'est écrasé (la croix avait été inaugurée en 1990 sur un terrain privé puis déplacé sur le domaine public en 2012).
 
Historique de l'acquisition
Le don se compose de médailles et d'insignes, d'objets personnels du commandant, de débris de l'Amiot 143, d'archives, d'une aquarelle et de photographies, ainsi que de la documentation. Les objets les plus émouvants sont ceux trouvés sur le site de la chute de l'avion par des Sedanais, puis remis à Madame de Laubier lors d'une visite en 1941 avec ses enfants, dont Philippe de Laubier, qui dépose ce don aujourd'hui au musée.
Ces objets ont été exposés dans le musée de la base aérienne 901 de Drachenbronn en Alsace. Cette base aérienne avait choisi en 1991 de porter le nom de tradition « Commandant de Laubier » et exposait les souvenirs de son parrain que lui avait prêté sa famille depuis 1998. La base étant fermée depuis 2016, l'Armée de l'air a rendu ces souvenirs à Philippe de Laubier, qui a proposé à la mairie de Sedan de les remettre au musée de la ville.
 
Biographie du commandant de Laubier
Jean Dieudonné de Laubier est né à Saint-Méloir-des-Ondes (35) en 1897. Engagé volontaire en  1914 à l'âge de 17 ans, il sert dans l'artillerie durant la Première Guerre mondiale, en 1918 découvre l'aviation, et termine la guerre sous-lieutenant. Démobilisé en 1919, il intègre l'école militaire de Saint-Cyr en 1921. En 1923, le jeune lieutenant choisit l'aviation. Il obtient son brevet de pilote en 1924. Promu capitaine en 1929, il prend le commandement d'une escadrille en 1935. En mars 1939, il est commandant. En septembre 1939, affecté dans l'aviation de chasse, il demande à être maintenu dans l'aviation de bombardement. En janvier 1940, il est nommé à la tête du groupe de bombardement de nuit II/34 équipé de vieux bimoteurs Amiot 143 M.
 
La mission du 14 mai 1940
Le 10 mai 1940, l'armée allemande déclenche l'offensive sur le front Ouest et arrive rapidement sur Sedan. Le 14 mai, les bombardiers Amiot ont un ordre de mission difficile, de jour et à basse altitude ils doivent rapidement stopper la progression allemande sur la Meuse suite à un passage surprise dès le matin. L'ordre de mission est le suivant : « le groupement n°9 est chargé de détruire de jour [souligner dans le tapuscrit], le 14 mai les ponts de bateaux signalés entre Vrigne-Meuse et Vrigne-aux-Bois [villages mal orthographiés dans le texte] et Douzy et d'effectuer des destructions sur les rives » (Source : tapuscrit, « Annexe n°1/ Première division aérienne / Groupement de bombardement n° 9 / Ordre n°5 pour le bombardement de jour du 14 mai 1940 / P.C. Le 14 mai 1940 »). Mais avant de partir on change l'objectif qui est de bombarder l'Est de Sedan et les blindés allemands qui se trouvent sur le secteur Sedan-Givonne-Bazeilles. Un pont à bateaux est construit face à l'usine de l'espérance à Gaulier à l'ouest de Sedan, où est passé la première Panzerdivision du Général Heinz Guderian le 14 mai (ce pont flottant n'a pas été bombardé du fait d'un changement d'objectif français vers 10h suite à un renseignement qui s'est avéré erroné). 
Le commandant de Laubier ne devait pas voler ce jour-là, mais estimant qu'il était de son devoir de partir avec ses hommes, il a pris la place du commandant de bord de l'Amiot n°56 (l'équipage est composé de cinq personnes : le commandant de l'avion, le navigateur, le pilote, le navigateur-radio, l'artilleur). Vers 11h30, la 34e escadre décolle de Nangis (77), au total dix bombardiers arrive au-dessus de Sedan. Son avion est ailier gauche d'un groupement de quatre qui arrive à 12h53 au-dessus de Floing. Le numéro 56 est touché vers 13h, l'avion est en flammes et s'écrase au sol aussitôt après un tir de barrage violent de la défense anti-aérienne ennemie (Flak). Trois hommes sont perdus et deux autres ont sauté en parachute. Les autres avions rentrés étaient criblés de balles par en-dessous (Source : tapuscrit, « Groupement de bombardement n°9, groupe 2/34, escadrille 4/34 / Compte-rendu de perte d'équipage / P.C. Le 16 mai 1940 / Événement survenu le 14 mai 1940 / Type d'avion : Amiot 143 - n°56 »). Le colonel François envoie une lettre datée du 22 mai à Madame de Laubier avec son compte-rendu, en ne sachant pas qui a sauté en parachute.
Il s'avère que ce sont les sergents Gelly et Ankaoua qui sautent et sont faits prisonniers, ils étaient mieux placés dans l'appareil pour évacuer rapidement (après s'être évadé en 1941, Robert Ankaoua écrit à Madame de Laubier, et restera proche de la famille). Le sergent-chef Occis saute mais se tue suite à un problème de parachute. Le commandant de Laubier et le lieutenant Vauzelle n'ont pas eu le temps de sortir. En 1941, Madame de Laubier reçoit les citations à l'ordre de l'armée aérienne de son mari (croix de guerre 1939-1940 avec deux palmes) et la croix de chevalier de l'ordre national de la Légion d'honneur.
 
Intérêt historique pour les collections publiques
Les dons de particuliers sont particulièrement intéressants lorsque leurs histoires familiales recoupent la grande Histoire (article de Philippe de Laubier, « Le bombardement sur la Meuse le 14 mai 1940 », Revue historique des armées, n°3, 1985). Et c'est le cas pour l'histoire sedanaise qui permet d'aborder l'histoire nationale et européenne. Axe important d'enrichissement des collections du musée de Sedan, la bataille de France de mai-juin 1940 est un épisode oublié de la mémoire collective.
Cet événement sur une période courte représente une défaite mais marque le début de la Seconde Guerre mondiale. L'historiographie récente, grâce à une approche croisée et transnationale, se réapproprie ce début de guerre et travaille sur la mémoire de cet événement, complexe du côté des militaires, mais également des civils marqués par l'épreuve de l'exode. 100.000 soldats français sont morts entre le 10 mai et le 22 juin 1940, date de signature de l'armistice.
 
Texte rédigé par Karine Loison, Musée municipal de Sedan
 
Crédits photos : Collection Musée municipal / Ville de Sedan
Ensemble des photos : Don de Laubier, collection Musée municipal de Sedan
Objets retrouvés sur le lieu de la chute de l'Amiot appartenant au commandant de Laubier : étui à cigarettes initiales « L D » avec inscription à l'intérieur « En souvenir de la plus belle des escadrille la 2 », montre à gousset brûlée, insigne de poitrine de pilote déformé, reste d'une manche d'uniforme.
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