L'année 1918 à Sedan
En 1918, comme dans toutes les Ardennes sous occupation, la population sedanaise est victime du manque de nourriture et des difficultés de l'existence. Les enfants sont faibles et chétifs, les adolescents sont réquisitionnés mais ils ne sont pas assez forts pour travailler. L'usine à gaz est depuis le 1er janvier sous autorité allemande. La municipalité de Sedan doit nourrir 9 500 personnes avec la commission de ravitaillement, distribuer du charbon, aider les plus pauvres et organiser le secours aux orphelins. En janvier 1918, 22 Sedanais et 12 Sedanaises sont désignés comme otages pour être déportés dans des camps de prisonniers civils en Allemagne et en Lituanie, ils reviennent en juillet.
Les nombreux mouvements de population témoignent des reprises des grandes offensives allemandes en Picardie en mars et en mai. En juin, l'armée allemande bombarde Paris, mais les Alliés contre-attaquent et les Allemands reculent de la mer du Nord à la Meuse en septembre. En août, la seconde vague de grippe espagnole fait des ravages en Europe et dans le monde.
Les Sedanais voient le bouleversement de ces derniers événements avec les bombes, les évacués et les aéroplanes français. En octobre, l'église de Torcy est réquisitionnée pour loger des civils évacués des régions du front. Des convois de matériel de l'armée confirment le recul des Allemands. L'armée française se rapproche de la Meuse. La dernière bataille des Ardennes se prépare le 1er novembre. Le 2 novembre, l'autorité allemande ordonne l'évacuation de Sedan mais la municipalité refuse. Le 5 novembre, les blessés allemands sont évacués des hôpitaux, seuls restent 250 prisonniers français. Les derniers combats permettent la libération des Ardennes jusqu'à la Meuse.
Guillaume II abdique le 9 novembre et la République est proclamée en Allemagne. Le 11 novembre, l'armistice est signé à Rethondes. Enfin, le général Gouraud et la 4e armée entrent dans Sedan libérée le 17 novembre à 7h du matin. Le départ de l'occupant est célébré en ville. Les soldats américains du général Pershing, qui ont participé à l’offensive victorieuse depuis Verdun, sont également acclamés par les Sedanais.
Dans l'immédiate après-guerre, la reconstruction est longue avec le retour des soldats et des exilés, plusieurs années sont nécessaires pour retrouver une vie normale. En 1924, l'inauguration du monument aux morts marque la fin de cette guerre, 674 Sedanais « morts pour la France » y sont inscrits.
Texte rédigé par Karine Loison, Musée municipal de Sedan
Crédits photos : Collection Musée municipal et Archives municipales / Ville de Sedan